« Où sont mes frères de rêve, ceux qui jadis ont bien voulu me suivre aux champs d’asphodèles du Moghreb sombre, aux plaines du Maroc ?… Que ceux-là, mais ceux-là seuls, viennent avec moi en Arabie Pétrée, dans le profond désert sonore.
Et que, par avance, ils sachent bien qu’il n’y aura dans ce livre ni terribles aventures, ni chasses extraordinaires, ni découvertes, ni dangers ; non, rien que la fantaisie d’une lente promenade, au pas des chameaux berceurs, dans l’infini du désert rose…
Puis, au bout de la route longue, troublée de mirages, Jérusalem apparaîtra, ou du moins sa grande ombre, et alors peut-être, ô mes frères de rêve, de doute et d’angoisse, nous prosternerons-­nous ensemble, là, dans la poussière, devant d’ineffables fantômes. »

En février 1894, Pierre Loti entreprend un périple à travers le désert du Sinaï. Accompagné de quelques amis, d’un interprète et de chameliers, il quitte l’oasis de Moïse pour une traversée longue et périlleuse, ponctuée de haltes dans des lieux emblématiques comme le monastère Sainte-Catherine. Ce voyage, plus qu’une simple aventure dans des paysages arides et lumineux, est aussi une plongée dans une nature inhospitalière, où la survie se joue autant pour les hommes que pour les animaux.
À travers les rencontres avec les Bédouins, les négociations avec les cheiks et l’hospitalité des moines, Loti, athée revendiqué, se retrouve pourtant confronté à ses propres doutes spirituels.
Le Désert est le récit captivant d’un homme en quête de lui-même, entre mirages et réalités, sur les traces de Moïse, jusqu’à Jérusalem, où la fin du voyage se mêle à la fin d’un rêve.

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