Permettre à chacun de lire sans effort inutile, c’est garantir une lecture fluide, essentielle à la compréhension et au plaisir de lire.
Posté le 16 / 05 / 2025


Chaque jour, à la Librairie des Grands Caractères, nous expliquons à nos visiteurs l’importance d’une lecture fluide pour comprendre et apprécier un texte, pour s’immerger véritablement dans un livre.
Derrière cette notion se cache un processus complexe : le déchiffrement des lettres, la reconnaissance des mots, puis la compréhension des phrases. Chaque lecteur doit identifier les lettres rapidement, reconnaître les mots — qui doivent être correctement espacés pour bien les distinguer — et saisir le sens des phrases. C’est ainsi qu’il comprend ce qu’il lit et peut entrer dans le texte. Ce processus est universel, mais pour un lecteur malvoyant, il demande un effort constant, bien plus important que pour un lecteur voyant.
Pour qu’un lecteur sans difficulté visuelle mesure l’importance d’une lecture fluide, il suffit d’un exercice simple : imaginez qu’on lui épelle chaque lettre lentement, qu’on marque un temps d’arrêt lorsqu’une lettre peut visuellement se confondre avec une autre, qu’on interrompt encore plusieurs secondes entre chaque mot si l’espacement est trop grand, ou au contraire qu’on réduit au minimum les pauses si les mots sont trop rapprochés. Puis, à la fin de la phrase, on lui demande d’en donner le sens. L’exercice demande alors un effort de concentration soutenu. Et si l’on répète ce processus phrase après phrase, paragraphe après paragraphe, à la fin d’un chapitre, le lecteur sera naturellement épuisé — sans avoir forcément compris le texte. C’est exactement ce que vit un lecteur malvoyant face à un texte mal composé, avec une typographie inadaptée : des lettres mal différenciées, trop rapprochées, dont certaines peuvent se ressembler visuellement ; des mots aux espacements irréguliers, trop proches ou trop éloignés. Nos lecteurs nous confient que, dans ces conditions, ils doivent le plus souvent lire deux fois chaque phrase : une première fois pour en déchiffrer les mots, une seconde pour en comprendre le sens.
Un autre exemple permet de mieux comprendre l’enjeu d’une lecture fluide : souvenons-nous de nos jeunes années, lorsqu’un enseignant nous demandait de lire un texte à voix haute. Souvent, nous étions tellement concentrés sur le déchiffrement et la prononciation des mots que nous perdions le fil du texte, incapables d’en faire une synthèse après lecture. En effet, si l’effort pour lire un mot est trop important, le sens de la phrase est perdu.
Favoriser une lecture fluide, ce n’est pas seulement une question de confort : c’est une condition indispensable pour garantir l’accès au sens, à la compréhension, au plaisir de lire. C’est pourquoi les éditions en grands caractères — celles rigoureusement sélectionnées par la Librairie — accordent une attention toute particulière à la composition de leurs ouvrages. La qualité typographique et la rigueur de la mise en page ne sont jamais accessoires : elles sont au cœur de toute édition véritablement accessible.