Dans “Le Temps d’après”, Jean Hegland rêve d’une lumière au cœur de la forêt.
Posté le 25 / 03 / 2025

Il y a près de trente ans, Jean Hegland publiait Dans la forêt, un roman d’anticipation devenu culte, dans lequel deux sœurs adolescentes, Eva et Nell, apprennent à survivre dans une clairière reculée du nord de la Californie, alors que la civilisation s’effondre. Guerre, épidémie, catastrophe écologique ? Peu importe. Ce qui intéressait Hegland, c’était l’après : un monde sans électricité, sans essence, sans supermarchés — un monde livré à lui-même, où la nature reprend ses droits et où la solidarité devient essentielle.
Aujourd’hui, l’écrivaine américaine livre Le Temps d’après, une suite attendue et singulière. Quinze ans ont passé. Eva et Nell vivent toujours en pleine forêt, en harmonie avec leur environnement. Le récit prend cette fois la voix de Burl, le fils d’Eva, né après l’effondrement, élevé sans mémoire du monde d’avant. À travers ce personnage, Jean Hegland explore un regard neuf sur la nature, la transmission, la curiosité envers les autres — et le pouvoir des mots.
Car dans cet univers où tout semble perdu, les histoires demeurent. Même en l’absence de livres, de supports écrits, elles circulent de bouche à oreille, portées par la mémoire, la danse, la musique. Pour Hegland, « l’art est essentiel à l’humanité » : il nourrit l’imaginaire, soutient la résilience, crée du lien. C’est ce lien, fragile et vital, qu’elle tisse tout au long de Le Temps d’après.
Touchée personnellement par les incendies qui ont ravagé la Californie en 2020 et détruit sa maison, l’autrice sait ce que signifie perdre ses repères. Son roman, imprégné de cette expérience, interroge notre rapport au vivant, à l’équilibre des écosystèmes, à la mémoire. Plus qu’une suite, Le Temps d’après est un chant à la nature, un appel à l’écoute du monde sauvage, et une invitation à repenser notre manière d’habiter la Terre.
Dans un monde en crise, Jean Hegland ne cède ni à l’effroi ni au désespoir. Elle mise sur le pouvoir des récits pour raviver une lueur d’espoir. Et nous rappelle, en creux, qu’imaginer un avenir plus prometteur que l’apocalypse est peut-être déjà une forme de résistance.
Les éditions À Vue d’œil publient en grands caractères (typographie Luciole, taille 16) les deux ouvrages de Jean Hegland. Ils sont dès à présent disponibles à la vente à la Librairie des Grands Caractères ainsi que sur notre site.